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En vedettes

  • Nous savons tous que nous devons faire de l’exercice, mais se rendre au centre d’entraînement peut être une véritable corvée, et les divans ont parfois leurs propres forces gravitationnelles auxquelles on ne peut se soustraire.

  • La légalisation du cannabis, même à des fins médicales, ne dissipera pas facilement un siècle d’« engouement pour un bon joint ».

  • Le 25 novembre 2024, la présidente du Conseil du Trésor de l’époque, Anita Anand, publiait une déclaration révélant l’existence d’un surplus non autorisé de la Caisse de retraite de la fonction publique.

  • Peut-on parcourir le monde sans contribuer à sa dévastation? Des voyageurs préoccupés, qui sont conscients de tout ce que cela comporte, de la pollution liée au transport jusqu’au gaspillage alimentaire dans les centres de villégiature, se posent cette question.

Danser pour se sentir mieux

Danser peut être bénéfique sur le plan cognitif et social. En prime : plaisir garanti! 

Nous savons tous que nous devons faire de l’exercice, mais se rendre au centre d’entraînement peut être une véritable corvée, et les divans ont parfois leurs propres forces gravitationnelles auxquelles on ne peut se soustraire. Selon une étude publiée en 2014 dans le Journal of Physical Activity and Health, la moitié des personnes âgées sont inactives.  

La danse pourrait bien s’avérer être la solution; c’est d’ailleurs l’aspect social de cette activité qui serait le plus bénéfique pour les personnes âgées.

Rachel Bar est directrice de la recherche et de la santé à l’École nationale de ballet de Toronto. Ancienne ballerine professionnelle, elle souhaite que tout le monde danse. Pendant ses études de premier cycle en psychologie, elle a commencé à faire des recherches sur ce qui se produit dans le cerveau des danseurs lorsqu’ils apprennent une nouvelle chorégraphie. La réponse? Une activité intense. Elle s’est ensuite penchée sur les effets de la danse sur le cerveau des personnes qui ont des troubles moteurs, comme la maladie de Parkinson. Elle a constaté que la danse favorisait l’équilibre, la posture, l’amplitude des mouvements et la prévention des chutes, et qu’elle améliorait l’humeur. Puis, Mme Bar a étudié les effets de la danse sur les personnes atteintes de démence. Voici ce qu’elle en retient, principalement : la danse est bénéfique sur le plan social.

« Il y a un discours dominant dans notre société selon lequel lorsque l’on est atteint de démence, on devient la maladie même », explique Mme Bar. « Que l’on n’est plus une personne qui peut être joviale, drôle, créative et enjouée. »

Il se trouve que plusieurs des membres de notre association ont déjà découvert les nombreux bienfaits de la danse. C’est le cas d’Yvette Gray, de Vancouver, qui s’est jointe au groupe « House » Wives of Hip Hop il y a trois ans. Aujourd’hui, ses membres remportent des médailles lors de compétitions et récoltent des fonds pour le Downtown Eastside Women’s Centre, un centre de femmes situé dans un quartier de Vancouver où les taux de toxicomanie, de pauvreté, de criminalité, de maladie mentale et de prostitution sont disproportionnés. Mme Gray, qui a « au moins 55 ans », a récemment pris sa retraite de Services publics et Approvisionnement Canada, où elle était directrice générale de la région du Pacifique.

« La plupart des femmes sont dans la quarantaine ou la cinquantaine et notre devise est de progresser, pas d’atteindre la perfection », indique Mme Gray, qui a des genoux qui craquent et qui souffre de problèmes à la colonne vertébrale et au cou. « Il ne s’agit pas de tourner sur la tête et de faire des acrobaties. Ce n’est pas ce que nous faisons ».

Cependant, selon elle, « il n’est jamais trop tard pour trouver son rythme ».

Vancouver-based dance group the “House” Wives of Hip Hop.
Les membres de « House » Wives of Hip Hop de Vancouver remportent non seulement des médailles dans des concours de danse, mais amassent également des fonds pour le Downtown Eastside Women’s Centre, un centre de femmes œuvrant pour le quartier le plus défavorisé de Vancouver.


Oser la danse carrée

Catherine Langille, 78 ans, et son mari Paul, 81 ans, sont des amateurs de danse carrée qui dansent sur n’importe quel morceau choisi par le calleur. Même de Lady Gaga. Tous deux anciens membres de la Garde côtière, ils vivent en Nouvelle-Écosse. Paul est spécialiste en technologie à la retraite et Catherine est agente de formation à la retraite au sein des services techniques. C’est l’aspect social de la danse carrée qui les a séduits, et ils ont commencé à organiser des danses pour partager leur passion. Pour eux, les bienfaits pour la santé ne font qu’agrémenter le plaisir qu’ils éprouvent.

« Le milieu médical connaît bien l’aspect mental et l’on dit qu’il permet de gagner des années et d’améliorer les capacités cognitives », explique Mme Langille, qui ajoute que l’activité renforce les os qui supportent le poids du corps et contribue à la réadaptation après une blessure. « Paul a subi une arthroplastie du genou et a repris la danse carrée au bout de six semaines. La danse a contribué à renforcer les muscles autour de sa prothèse. »

Avant la pandémie, ils voyageaient souvent pour faire de la danse carrée. Aujourd’hui cependant, ils restent plus près de leur domicile. Ils adorent la danse carrée, mais n’ont aucunement l’intention de s’adonner à la danse de salon.

« Bon Dieu, non », dit M. Langille. « Ça nous mènerait au divorce. »
 

Faire de la danse de salon

La danse de salon permettra à Patti Kaeding, 61 ans, de marcher vers l’autel pour une deuxième fois. Mme Kaeding a pris sa retraite de l’ARC en tant que gestionnaire il y a cinq ans, après 36 ans de service. Avant d’épouser son premier mari en 1985, tous deux avaient suivi des cours de danse de salon au Centre RA d’Ottawa, en guise de préparation au mariage. Mais avec le temps et l’arrivée des enfants, d’autres activités ont fini par évincer la danse de leur emploi du temps. En 2000, au retour d’une croisière dans les Caraïbes, son mari a reçu un appel du studio de danse Arthur Murray lui offrant une évaluation gratuite. Il avait raconté à sa femme qu’il enviait les passagers de la croisière qui dansaient le cha-cha-cha, une danse qu’il connaissait bien auparavant. Ils se sont donc rendus au studio de danse et sont rapidement devenus des adeptes. Grâce à leur formation musicale commune, ils ont rapidement maîtrisé cet art.

Très vite, ils se sont mis à danser quatre à cinq fois par semaine. Le fait que son mari, « un petit informaticien un peu coincé et socialement maladroit », se soit avéré très doué sur la piste de danse a été bénéfique.

« Rapidement, c’est devenu une très saine dépendance », dit-elle, soulignant que ce passe-temps a amélioré son image corporelle, sa confiance en elle et sa perception spatiale, ce qui l’a aidée à faire face à son diagnostic de fibromyalgie, et qu’elle s’est fait de nombreux amis grâce à cette activité.

Et, lorsqu’elle est devenue veuve six semaines après son départ à la retraite, ses amis danseurs sont devenus sa bouée de sauvetage. Leur soutien l’a aidée à surmonter le décès soudain de son mari.

« Combiner la musique, l’activité sociale et l’activité physique, voilà un trio parfait pour le bien-être général. »

Mme Kaeding a récemment renoué avec un ancien petit ami et ils sont maintenant fiancés et, pour être à la hauteur de sa femme le jour du mariage, il suit actuellement des cours de danse.

La Vancouvéroise Marilyn Buchanan est également veuve et danseuse de salon, mais danser seule ne la dérange pas. Âgée de 82 ans, Mme Buchanan a pris sa retraite en tant que conseillère de l’Agence canadienne d’inspection des aliments il y a 20 ans. Enfant, elle a fait des études au Royal Winnipeg Ballet, mais elle les a abandonnés à l'âge de 15 ans parce qu’on se moquait d’elle.

Il y a une cinquantaine d’années, lorsque les Beatles ont découvert la méditation, Mme Buchanan a commencé à étudier elle-même cette pratique, ce qui l’a amenée à s’intéresser au yoga et à l’enseigner, ce qu’elle fait encore aujourd’hui. Son plus jeune élève a 70 ans.

C’est grâce à son amour des voyages qu’elle a découvert la danse, en particulier dans les pays d’Amérique latine.

« La danse fait travailler les méninges. On ne fait pas que bouger son corps au rythme de la musique », explique Mme Buchanan. « Je pense que, en vieillissant, il est très important de faire travailler le cerveau pour qu’il reste en bonne santé. »

Son mari espagnol est décédé il y a trois ans au cours de la pandémie, mais pas de la COVID. Il aimait danser, ce qu'elle fait désormais sans lui.

« La plupart des hommes ne dansent pas. Il y en avait peut-être trois », précise-t-elle. « Les femmes se lèvent donc et exécutent les pas comme si elles étaient dans un cours de danse, seules, et qu’elles apprenaient du professeur. »

Mme Buchanan, qui mesure à peine un mètre cinquante, est également connue pour aimer les concours de limbo.

Sarah Kenny est une ancienne danseuse professionnelle qui enseigne aujourd’hui à la faculté de kinésiologie et des arts de l’Université de Calgary. Elle a passé des années à étudier la science de la danse, s’intéressant à la façon dont la danse peut nous aider à mieux vivre. Pour étudier les effets de la danse sur les gens, Mme Kenny a créé des cours pour les personnes âgées à Calgary. Ses cours s’adaptent aux différentes capacités physiques, certains s’adressant spécifiquement aux survivants du cancer et aux personnes qui souffrent de la maladie de Parkinson.

« On peut voir que 90 % des personnes qui participent n’ont jamais suivi de cours de danse auparavant », mentionne Mme Kenny. « C’est pourquoi je souligne leur courage de s’inscrire à ce genre de cours, qui leur permet de sortir de leur zone de confort. À la fin de la session, ils sont conquis. »

Selon Mme Kenny, les dirigeants communautaires avaient signalé que de nombreuses personnes âgées se sentaient seules et que ce programme a permis de remédier à cette situation.

« Lors de nos entrevues, ce qui est ressorti, ce sont les relations sociales et la façon dont celles-ci, ainsi que le fait d’avoir un sentiment d’appartenance à leur propre communauté, les ont motivés à continuer à venir », dit-elle. « Je crois aussi que, lorsque l’on est physiquement actif et qu'on fait bouger son corps, beaucoup d’hormones de bien-être sont libérées et nous aident à nous sentir bien dans notre peau, dans notre corps et dans le monde. »

Mick Gzowski est rédacteur et cinéaste établi à Aylmer, au Québec.