Dès son entrée en fonction au poste de huitième président de l'Association nationale des retraités fédéraux, Claude Edwards a mis à profit son expérience de dirigeant syndical chevronné et énergique, pour apporter une série de changements positifs au cours de son mandat de neuf ans. Élu trois fois à ce haut poste, on se souvient de lui comme d’un président efficace.
« Je garde un excellent souvenir de Claude », déclare Helen Cheng, son adjointe de direction de longue date. « Il était intelligent, bien informé, astucieux et avait un bon sens de l'humour. »
M. Edwards a occupé le poste de président de la Fédération du Service civil du Canada et de l'Alliance de la fonction publique du Canada. Il a également siégé, à titre de membre, au comité consultatif sur la pension de retraite de la fonction publique. Il s'était fait remarquer comme quelqu'un d'habile à promouvoir et à défendre les intérêts des fonctionnaires fédéraux et avait reçu le prestigieux Ordre du Canada pour ces efforts et d'autres travaux bénévoles.
« L'un des grands atouts de Claude par rapport à son travail », se souvient Jean‑Guy Soulière, qui a été le directeur général de M. Edwards pendant plusieurs années, « était son immense réseau de contacts au sein du mouvement syndical. Il avait également de très bons contacts avec les hauts responsables politiques, le premier ministre et tout le monde, et c’est vraiment à lui que nous devons la notoriété de l'organisation. »
Lorsque M. Edwards a assumé la présidence de l’organisation, c’était après la mort au feuilleton du projet de loi C-33, qui promettait de garantir l'indexation des pensions. Le projet de loi laissait dans son sillage des dossiers à traiter de toute urgence. L'Association a demandé au gouvernement d'augmenter l’allocation au conjoint survivant au-delà du niveau actuel de 50 %; de permettre aux conjoints qui ont épousé un retraité après la retraite de celui-ci d'être admissibles aux prestations de survivant; et d'augmenter la prestation de décès résiduelle de 500 $ au maximum compatible avec les ressources du fonds.
Les deux premières demandes n'ont pas abouti, mais le projet de loi C-55, qui a reçu la sanction royale en 1992, a donné la possibilité aux personnes qui s’étaient mariées après leur retraite d'obtenir une pension de survivant pour leur conjoint, mais au prix d'une rente réduite. Même si cela représentait moins que ce que l'Association avait demandé, il s’agissait d’un pas dans la bonne direction. De plus, le versement de la prestation de décès a été porté de 500 à 5 000 $. Dans l’intervalle, le projet de loi introduit la législation sur le fractionnement des prestations de retraite, qui permet aux conjoints séparés ou divorcés de recevoir leur part des droits à pension du membre, sous forme d'un paiement forfaitaire dans un régime enregistré d'épargne-retraite (REER) ou un autre régime de retraite, plutôt que sous la forme d'un régime mensuel, qui prendrait fin avec le décès du membre. Des comités consultatifs sur les pensions ont également été créés pour les Forces canadiennes et la GRC.
Sous la houlette de M. Edwards, d'autres changements positifs se sont produits, sous forme de nominations. Par exemple, le président de l'Association est nommé au conseil d'administration du nouveau Régime de soins de santé de la fonction publique (RSSFP) et au comité consultatif de la Loi sur la pension de retraite de la fonction publique (LPFP), reconstitué après quatre ans d'inactivité et chargé d'entreprendre un examen approfondi de cette loi. Outre cela, un vice-président de l'Association est nommé au Comité consultatif des Forces canadiennes sur les régimes de retraite.
M. Soulière souligne que M. Edwards était également connu comme père du régime de services dentaires pour les retraités fédéraux.
« Lui, moi et un autre membre du personnel avons eu de nombreuses rencontres avec Paul Martin, le ministre des Finances de l'époque », explique M. Soulière. « Je me souviens que nous nous sommes rencontrés dans un restaurant et que nous avons négocié un régime de services dentaires pour les pensionnés.
Durant son mandat, M. Edwards a également opéré un changement de cap, faisant passer la défense des intérêts de l'Association d'une approche qui réagissait aux mesures gouvernementales adoptées à une approche plus proactive. Par exemple, dans son budget de 1994, le nouveau gouvernement libéral avait imposé une nouvelle réduction des revenus des aînés, en assujettissant le crédit d'impôt pour personnes âgées à un seuil de revenu. La mesure a entraîné la perte totale ou partielle du crédit pour plus de 25 % des aînés. Le même gouvernement avait annoncé qu'il lancerait un examen du système public de retraite et de sécurité du revenu.
Lorsque des rumeurs ont laissé entendre que le RPC/RRQ pourrait être réduit ou supprimé pour les aînés « aisés », M. Edwards et son équipe ont participé à la création de la Coalition of Seniors for Social Equity (COSSE), une coalition d’aînés pour l'équité sociale composée de cinq grands groupes nationaux d'aînés et soutenue par de nombreux autres. M. Edwards en avait été nommé président temporaire. L’une des premières victoires de cette coalition a consisté à publier un rapport sur les mythes et réalités du revenu des aînés, intitulé Seniors' Income : Myths and Reality, qui faisait état de l'érosion progressive du revenu universel pour les aînés depuis le milieu des années 1980, entre autres points importants. Et, dans son budget suivant, M. Martin a déclaré que le RPC/RRQ ne serait pas fondé sur le revenu.
Les soins de santé devinrent rapidement un enjeu pour la COSSE et M. Edwards a fait partie des 250 personnes qui ont organisé une conférence de trois jours sous le thème « One Voice » (D’une seule voix) à Montréal en 1994. Au nombre des préoccupations abordées, citons le fait que les principales caractéristiques de l’assurance maladie, à savoir l'universalité, l'accessibilité, l'exhaustivité, la transférabilité et l'administration publique étaient l’objet d’une attaque.
C'est également en 1994 que le poste de directeur général a été créé et que M. Soulière l'a assumé. En 1997, l'Association comptait 100 000 membres.
Selon M. Soulière, peu de gens savent que M. Edwards a joué un rôle prépondérant dans la création de l'Association, lors de sa fondation il y a 60 ans. À l'époque, le fondateur Fred Whitehouse, qui était un collègue de M. Edwards au sein du mouvement syndical fédéral, avait demandé à son ami de longue date de l'aider à créer l'Association.
« Dès le début, Claude était là », explique M. Soulière. « Il était en arrière-plan, mais il était là, et soutenait activement la création de [l'association]. »
M. Soulière se souvient de son ancien patron et, plus tard, de l’homologue de ce dernier, comme étant « tenaces ».
« C'était un dirigeant syndical compétent et un négociateur hors pair — il pensait toujours de manière stratégique. Lui et moi avons énormément travaillé ensemble. C'était une relation très professionnelle. »
M. Soulière se souvient d'une autre réalisation majeure : l'achat d'un immeuble pour Retraités fédéraux. Lorsque l'AFPC a rapatrié les bureaux que Retraités fédéraux occupait, M. Edwards l'a soutenu dans sa préférence d’acheter au lieu de louer. Après l'achat, l'Association a baptisé l’immeuble en l’honneur de M. Edwards, de même que celui d’aujourd’hui, sis au chemin Shefford.
« Claude fait partie intégrante de l'histoire de l'Association », de dire M. Soulière. « Je n'ai jamais vu une personne aussi axée sur la stratégie.
Lorsqu'il a pris sa « retraite » de son bénévolat au sein de l'Association, M. Edwards est devenu récipiendaire d’un prix à vie. Il est décédé le 16 mai 2010, à l'âge de 94 ans. Après avoir servi dans l’Aviation royale canadienne au Canada, au Royaume-Uni et en Hollande pendant la Seconde Guerre mondiale, il a ensuite travaillé au ministère des Anciens Combattants.