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En vedettes

Exercer son cerveau

Les jeux d’esprit et les casse-tête peuvent contribuer à la santé du cerveau et, selon l’opinion actuelle du corps médical, la stimulation cérébrale est un moyen de prévenir la démence. 

Peter Chen était résolu à rester actif et en forme, physiquement et mentalement. Ainsi, après son départ à la retraite, il a spécifiquement privilégié des exercices physiques et des activités pour maintenir ses facultés intellectuelles.

« Par-dessus le marché, ma conjointe a l’esprit extrêmement vif », ajoute ce météorologue retraité avec un petit rire. « Je savais que je devais tenir sa cadence. » 

Maintenant âgé de 72 ans et membre de Retraités fédéraux depuis 2013, M. Chen a passé 30 ans au Service météorologique du Canada, puis 10 ans à travailler à l’Organisation météorologique mondiale, une agence spécialisée des Nations Unies à Genève, avant de prendre sa retraite à Dorval, au Québec, en 2014. Au cours de sa carrière, il a travaillé dans des domaines où la météo et le climat revêtent de l’importance pour le développement technique et pour les facteurs à prendre en compte dans les politiques publiques, tant à l’échelle nationale que mondiale. Sa conjointe, Monique Loiselle, était également météorologue. 

Très conscient des retombées du vieillissement, M. Chen craint de perdre son acuité mentale et ne veut pas être victime de la psychologie du déni. Il se dit encouragé, cependant, par les personnes qui continuent d’avoir l’esprit éveillé à un âge bien avancé. 

Beaucoup de gens partagent cette préoccupation. Lorsqu’on leur demandait quels jeux ils utilisaient pour maintenir leur cerveau actif, les membres ont mentionné Wordle, Duolingo, le Scrabble, Farkle, les casse-tête mathématiques, le jeu Connections (en anglais), les sudokus, les mots croisés, Canuckle (en anglais), Waffle et les cryptogrammes, entre autres. Beaucoup ont également mentionné qu’ils aiment la lecture, l’écriture, la peinture, l’art du Zentangle, le tricot, la confection de courtepointes, la couture, le tai-chi, la marche, les jeux de cartes et les casse-tête.

Les jeux et les casse-tête sont connus pour aider à stimuler notre cerveau, ce qui est particulièrement important pour les personnes âgées ou à risque de démence. Et, comme de nombreux retraités l’ont mentionné dans une récente publication sur Facebook, d’autres activités peuvent aussi aider à garder le cerveau actif et engagé.

« Dans la sphère médicale [on observe] un mouvement voulant que le traitement de la démence soit la prévention » qui stimule le cerveau, explique Manuel Montero-Odasso, professeur à l’Université de Western et clinicien scientifique à l’Institut de recherche en santé Lawson.

Un rapport de 2024 de la Commission Lancet sur la prévention de la démence a révélé que la perte de vision non traitée et qu’un niveau élevé de cholestérol à lipoprotéines de haute densité (également appelé « mauvais cholestérol ») sont des facteurs de risque de démence. Il a déterminé qu’environ 45 % des cas de démence pouvaient être évités si on s’attaquait aux facteurs de risque modifiables à différents stades de la vie.

Une scolarité moins élevée constitue un risque plus tôt dans la vie, tandis que l’isolement social, la pollution de l’air et la perte de vision sont des risques survenant plus tard dans la vie. Une perte auditive, un niveau de cholestérol élevé, la dépression, un traumatisme crânien, l’inactivité physique, le diabète, le tabagisme et l’hypertension, ainsi que l’obésité et l’excès d’alcool représentent des risques du milieu de la vie.

M. Montero-Odasso a dirigé une étude qui a révélé que les exercices aérobiques et de résistance, combinés à l’entraînement cognitif, peuvent améliorer la cognition chez les aînés atteints d’une déficience cognitive légère. L’essai clinique, publié dans le JAMA Network Open en juillet 2023, a inclus 175 participants âgés de 60 à 85 ans atteints de troubles cognitifs légers.

À titre d’exemple, il mentionne l’apprentissage d’un instrument de musique, ce qui fournit un entraînement cognitif obligeant à diviser l’attention pour pouvoir effectuer deux ou trois activités en même temps, tout en devant faire appel à la mémoire. « Vous devez diviser votre attention pour savoir où placer vos doigts et où placer vos yeux… mais aussi vous souvenir des notes, vous devez vous rappeler à quel endroit et à quel moment les jouer », explique-t-il. Cela, combiné à un éventail d’activités physiques, peut faire beaucoup pour stimuler le cerveau et prévenir la démence.

Federal Retirees members Peter Chen and Monique Loiselle.
Cherchant à optimiser sa condition physique et mentale à la retraite, Peter Chen, membre de Retraités fédéraux photographié ici avec son épouse Monique Loiselle, a développé un penchant pour les jeux de mots.

M. Montero-Odasso s’apprête à lancer une deuxième phase de l’étude et il est en train de recruter 550 aînés de partout au Canada atteints d’une déficience cognitive légère, soit un état intermédiaire entre le vieillissement cognitif normal et la démence précoce. L’essai se fera à distance, avec l’accompagnement d’entraîneurs dûment formés. (Il aimerait que les retraités qui souhaitent participer à cet essai clinique, du nom de SYNERGIC Trial (en anglais) se manifestent. Ils peuvent envoyer un courriel à info@gaitandbrain.com.)

Quant à lui, M. Chen mélange aussi ses activités. Il aime particulièrement faire des jeux de vocabulaire, comme Wordle et Wordscape.  Mme Loiselle, elle travaille sur des jeux de vocabulaire en français et en anglais. Mais il a trouvé les jeux en ligne accoutumants et estime que le temps qu’il passait à son écran réduisait celui qu’il pensait plus judicieux de passer à lire et à faire d’autres activités enrichissantes.

Lorsque sa petite-fille, qui avait un nouvel ami d’école arrivant de la Chine, a exprimé son intérêt pour le chinois, sa conjointe et lui ont décidé d’essayer l’application linguistique Duolingo ensemble. Alors qu’il travaillait à Genève, M. Chen suivait des cours de chinois, tirant parti d’une base qu’il avait développée à l’école primaire de Vancouver. Il avait donc une bonne longueur d’avance.

« J’ai atteint le sommet de Duolingo pour le chinois, je ne fais que des entraînements quotidiens maintenant », annonce-t-il avec fierté.

Mais en tant qu’anglophone de la côte Ouest, M. Chen perfectionne son français depuis longtemps, d’abord lorsqu’il a déménagé à Montréal en 1991 et aussi comme conjoint d’une francophone dont la famille communique principalement dans la langue de Molière. Et il l’a davantage perfectionné plus tard, quand il a travaillé à Genève. Dans la vie de tous les jours, il a appris à maintenir son français.

Lorsque son groupe de l’école secondaire de Vancouver a décidé d’avoir une 52e réunion, M. Chen a saisi l’occasion de se développer davantage. En apprenant de nouvelles compétences et en exploitant celles qu’il possédait déjà, il a créé un livre électronique des diplômés. Il a rassemblé de nouvelles photos de ceux qu’il a pu rejoindre, et les a présentés à côté de leurs photos de fin d’études secondaires, les accompagnant chacune d’une courte biographie.

« Il est absolument prodigieux de voir ces 133 entrées et les histoires sont remarquables », mentionne-t-il à propos du processus, qui a abouti à un produit qui a permis aux gens d’apprendre à se connaître les uns les autres avant la réunion. « Maintenant, j’écris aussi des petits témoignages sur l’histoire de ma vie » à l’intention de mes enfants, dit M. Chen.

« Je pense encore à la façon dont je continuerai à exercer mon cerveau et mon corps, et à rester mentalement et physiquement en forme, même si le déclin est inévitable. »

Le rituel du coucher de Brian Sutch comprend désormais des casse-tête de sudoku cinq étoiles. Il aime l’idée d’avoir à se vider l’esprit pour se concentrer tout en vérifiant chaque étape à deux fois et en recourant à son expérience de grimpeur et d’alpiniste dans sa jeunesse pour fermer son esprit de toute interférence extérieure.

« Je dois admettre que je ne me suis jamais endormi en grimpant. Maintenant que j’ai 80 ans bien sonnés, cela m’arrive parfois avec mes sudokus », s’esclaffe M. Sutch, qui est membre de l’Association depuis 2002.

Rédactrice établie à Barrie, en Ontario, Marg Bruineman est mordue de Words With Friends