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Les vertus de l’apprentissage continu pour le cerveau et la santé en général

Selon certaines études, les activités qui font appel à la réflexion, à l’apprentissage et à la mémoire peuvent prévenir ou retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence liée au vieillissement.

Denise Amyot constate que sa longue carrière est jalonnée de liens et de coïncidences. Cette retraitée, qui a débuté sa carrière comme enseignante, a pour devise de ne jamais cesser d’apprendre.

Le vieillissement s’accompagne de nombreux avantages et inconvénients. L’un des aspects les moins agréables peut être l’affaiblissement de nos sens et capacités, et la crainte de la démence. De plus en plus de possibilités s’offrent à nous pour nous permettre de maintenir notre vivacité d’esprit et notre cerveau en activité grâce à l’apprentissage.

Membre de Retraités fédéraux depuis 2013, Mme Amyot a pris sa retraite du poste de présidente-directrice générale de Collèges et Instituts Canada, après 28 ans au sein du gouvernement fédéral, et a lancé sa propre entreprise, Denise Amyot & Assoc. Toujours active à l’âge de 68 ans, Mme Amyot évoque les riches possibilités qu’elle a eues dans divers secteurs. Elles lui ont permis de se réinventer et de rétablir les connexions de son cerveau en acquérant de nouvelles compétences et de nouvelles approches à chaque étape de son parcours.

« Lorsque j’ai décidé de ne pas entamer un troisième mandat, [l’une de mes plus grandes craintes était de savoir si j’allais continuer d’apprendre]. Cela me faisait un peu peur », explique Mme Amyot, qui a précédemment occupé les fonctions de présidente-directrice générale de la Société des musées de sciences et technologies du Canada et de cadre supérieure dans ses trois postes précédents de sous-ministre adjointe.

Ses craintes ont été de courte durée. En plus d’être mentore pour des cadres, Mme Amyot siège à plusieurs conseils d’administration d’envergure nationale et internationale. Ses nombreux centres d’intérêt l’ont amenée à trouver des façons d’approfondir ses connaissances sur les sujets liés à ces organisations, ce qui l’a menée à participer à des retraites et à des conférences, ainsi qu’à voyager.

La préoccupation de Mme Amyot se retrouve dans les nombreuses organisations qui ont été créées pour répondre à la demande des retraités. Des initiatives ont vu le jour un peu partout au pays, où des conférenciers proposent des possibilités d’apprentissage continu sur des sujets aussi variés que l’organisation de nos villes ou l’avenir de l’exploration spatiale. Le public visé? Les adultes d’âge mûr.

Denise Amyot.
Denise Amyot, membre de Retraités fédéraux, a la passion de l’apprentissage tout au long de la vie et siège à plusieurs conseils d’administration de portée nationale et internationale.

Le département de l’éducation prolongée de l’Université du Manitoba a uni ses forces à celles de l’Université de l’Alberta, de l’Edmonton Learning Association et du Learning Centre de l’Université de Regina, pour offrir aux aînés un vaste éventail de cours et de programmes en ligne. Depuis les années 1970, le programme Liberal Arts and 55+ (Les arts libéraux à 55 ans et plus) de l’Université Simon Fraser de Vancouver offre aux aînés apprenants des cours sans crédit très enrichissants. L’Université Concordia de Montréal propose un programme sans crédit pour les aînés qui comporte un éventail de cours. Plusieurs autres universités et collèges canadiens ont des programmes destinés aux aînés. Des programmes plus formels sont également offerts. Au pays, quelques universités accordent aux aînés une dispense de frais scolaires s’ils souhaitent s’inscrire à des programmes menant à l’obtention d’un diplôme ou à des cours crédités.

En Ontario, The Life Institute fait partie du Third Age Network, qui est composé de groupes d’apprentissage à but non lucratif visant à présenter des conférences et des cours portant sur différents sujets aux aînés. Le « troisième âge » est défini comme la période de retraite active qui suit l’âge mûr. L’organisation est également affiliée à la Chang School of Continuing Education de l’Université métropolitaine de Toronto.

Marilyn Wright, ancienne conseillère municipale de North York, a quitté Vancouver pour revenir à Toronto pour y prendre sa retraite en 2000 et s’est rapidement impliquée dans Third Age Network, qui existe depuis 34 ans et qui compte 2 600 membres. Les membres paient une cotisation annuelle de 80 $ et environ 95 $ pour chaque cours, mais on les admet même s’ils ne sont pas en mesure de payer. Les cours durant l’automne et l’hiver se déroulent généralement sur huit semaines et ceux du printemps sur six semaines. Le programme comporte souvent des conférences spéciales. Les sujets abordés sont variés, allant des études cinématographiques et musicales à l’histoire et au vieillissement. Au nombre des cours de cet automne, mentionnons The Golden Age of Screwball Comedy (L’âge d’or de la comédie loufoque), The United States and the World (Les États-Unis et le monde), Post 2024 Election (Après les élections de 2024), The Meaning of Myth (La signification du mythe) et Healthy and Successful Aging for You (Bien vieillir de manière et en bonne santé). On organise aussi des activités sociales régulièrement. 

« Je suis une personne active et je voulais continuer à faire travailler mon cerveau », explique Mme Wright, aujourd’hui âgée de 85 ans, qui a occupé plusieurs fonctions au sein de The Life Institute durant les 24 années qu’elle y a passées. « Ce fut une expérience merveilleuse. »

Des études et des sondages ont montré qu’il existe un lien entre l’apprentissage continu, l’activité cérébrale et la santé en général. La revue Ageing and Society de l’Université de Cambridge a publié une étude réalisée en 2016 par des chercheurs de l’Université Brock, qui conclut que le fait pour les aînés de poursuivre leurs apprentissages est lié de manière indépendante et positive à leur bien-être psychologique. L’étude s’appuie sur les données d’un sondage recueillies auprès de 416 adultes âgés de 60 ans et plus, inscrits à des cours d’intérêt général non formels au Canada. L’année suivante, le U.S. National Institute on Aging a conclu que les interventions en santé cognitive (activités qui font appel à la réflexion, à l’apprentissage et à la mémoire) peuvent prévenir ou retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence liée au vieillissement, après une analyse des recherches menées dans ce domaine. 

Samir K. Sinha, gériatre et clinicien-chercheur au Sinai Health System et au Réseau universitaire de santé, est convaincu que l’apprentissage continu permet non seulement de maintenir le cerveau actif et stimulé, mais qu’il procure également aux participants un but et un sentiment d’accomplissement, tout en maintenant leur curiosité et les interactions sociales.

En sa qualité de directeur de recherche sur les politiques de santé à l’Université métropolitaine de Toronto, spécialisé dans le vieillissement en bonne santé, M. Sinha a commencé à travailler avec The Life Institute il y a une dizaine d’années, car le partenariat entre l’organisation et l’université l’avait impressionné.

« Il y a beaucoup de gens qui partagent les mêmes idées… qui ne sont pas seulement là pour apprendre, mais aussi pour interagir les uns avec les autres », dit-il. « Nous savons que l’un des plus grands risques que nous courons en vieillissant est l’augmentation de notre isolement et de notre solitude. L’idée est donc que, si l’on peut trouver des moyens de rassembler les gens… cela pourrait être une façon de développer un lien commun et d’établir des rapports avec d’autres personnes, ce qui pourrait éventuellement mener à de nouvelles amitiés et à de nouvelles relations épanouissantes.

« L’apprentissage continu et les programmes d’apprentissage continu qui maintiennent la participation des gens génèrent tous ces dividendes. »

En vieillissant, Mme Amyot s’intéresse à tout ce qui touche le vieillissement.

« Je recueille donc beaucoup d’informations ici et là », indique-t-elle. « Nous n’avons pas terminé. Ce qui m’inquiète le plus, c’est de ne pas avoir assez de temps pour faire ce que nous devons faire et pour apprendre. » 

Marg Bruineman est une journaliste établie à Barrie, en Ontario. Elle est déterminée à atteindre le but qu’elle s’est fixé depuis toujours, c’est-à-dire perfectionner son niveau de français à l’oral, à la semi-retraite.