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En vedettes

  • Les personnes âgées ont besoin de moins de sommeil; elles finiront forcément par être atteintes de démence si elles vivent assez longtemps; elles ne devraient pas faire d’exercice intense de peur de se blesser.

  • Pour Tony Cond, écrire son mémoire a constitué une révélation. « J’ai vraiment eu une belle vie », dit-il avoir compris une fois son livre terminé. « Ce livre est l’aboutissement de ma capacité à me le dire. » 

  • Comment savoir s’il est temps de ranger ses clés de voiture pour de bon? À vos 80 ans? Après un accident vasculaire cérébral? Quand vos enfants vous prennent à part pour vous dire : « Il faut que tu arrêtes de conduire »? 

  • Arrivés à un certain âge, la plupart d’entre nous possèdent de précieux albums photos, et peut-être même quelques boîtes à chaussures remplies de souvenirs épars. Et que dire de ces cassettes ou bobines que vous ne pouvez plus lire, faute d’appareil adapté?

Démystifions les idées reçues sur la vieillesse

La société véhicule de nombreuses généralisations sur le vieillissement. Dans le cadre des efforts continus de Retraités fédéraux pour lutter contre l’âgisme, Sage60 examine les plus courantes d’entre elles et explore ce que la science en dit. 

Les personnes âgées ont besoin de moins de sommeil; elles finiront forcément par être atteintes de démence si elles vivent assez longtemps; elles ne devraient pas faire d’exercice intense de peur de se blesser. Ces clichés nous accompagnent depuis l’enfance, mais beaucoup ne sont pas confirmés par la science.
 

Le sommeil

« Le besoin de dormir est toujours là », affirme John A. E.  Anderson, directeur du Laboratoire sur la cognition et la neuroscience du vieillissement à l’Université Carleton. « Et le sommeil est, en réalité, extrêmement important. »

Selon M. Anderson, pendant le sommeil, les espaces interstitiels entre les cellules s’ouvrent et évacuent les déchets du cerveau.

« Les protéines associées à la maladie d’Alzheimer — comme la tau et l’amyloïde —, ainsi que d’autres déchets, sont éliminées », explique-t-il. « Le sommeil n’est donc pas seulement réparateur, il nettoie aussi le cerveau. »

Il ajoute que c’est également pendant le sommeil que nous consolidons nos souvenirs, ce qui signifie que notre cerveau travaille à les stocker pour les retrouver plus tard. Même s’il reconnaît que le sommeil devient plus difficile avec l’âge, il souligne que de bonnes habitudes — comme des heures de coucher régulières et l’exercice physique — peuvent aider.

Cassandra Morrison, professeure adjointe en neuropathie cognitive à l’Université Carleton, précise que certaines personnes fonctionnent bien avec six heures de sommeil, d’autres doivent en dormir huit, mais ce besoin ne diminue pas avec l’âge. Elle ajoute que, pour compenser un sommeil insuffisant pendant la nuit, une sieste pendant le jour peut s’avérer bénéfique.
 

L’exercice

L’idée selon laquelle les personnes âgées devraient éviter l’exercice pour ne pas se blesser est également fausse.

« Si vous n’avez jamais fait d’exercice, de la randonnée ou des marathons, il ne faut pas s’y mettre brusquement. Mais ça, c’est valable pour tout le monde! », dit Mme Morrison, en ajoutant qu’il est essentiel de s’adapter aux limites liées à l’âge. « Si vous faisiez du kayak en eau vive autrefois, vous pourriez désormais pagayer sur le canal Rideau. Vous ne soulèverez peut-être plus autant de poids qu’avant, mais cela ne veut pas dire que vous devez arrêter complètement. »

Elle souligne que la force, l’équilibre et les fonctions physiques peuvent être maintenus malgré l’âge.
 

La sexualité 

La notion voulant que la sexualité et l’intimité s’estompent avec l’âge est une autre généralisation âgiste.

« De nombreux adultes âgés restent sexuellement actifs, même avec des problèmes de santé », affirme-t-elle. « Les médicaments sont un facteur déterminant, surtout parce que beaucoup de traitements provoquent des dysfonctions érectiles. Mais être sexuellement actif ne signifie pas nécessairement avoir des rapports sexuels. Il existe d’autres formes d’intimité physique et d’autres façons de vivre la sexualité. »

Le nombre élevé d’infections transmissibles sexuellement dans les établissements de soins de longue durée montre bien que l’activité sexuelle persiste.
 

La démence et la maladie d’Alzheimer

Le risque de démence augmente avec chaque décennie, mais elle n’est pas inévitable.

« L’Alzheimer n’est absolument pas inévitable, et ce n’est pas un vieillissement normal », affirme M. Anderson, en précisant que les femmes sont plus à risque, un sujet désormais au cœur de la recherche. Ce n’est pas seulement parce qu’elles vivent plus longtemps. Des études ont montré que cela est lié à l’œstrogène, que les femmes perdent après la ménopause, tandis que les hommes le conservent, car leur testostérone se transforme en œstrogène dans le cerveau.

Parmi les moyens de prévention, mentionnons garder le cerveau actif, adopter un régime méditerranéen et faire de l’exercice. Ne pas avoir de prédisposition génétique est un avantage, mais même en cas d’hérédité, des activités stimulantes peuvent réduire les risques, même avec des antécédents familiaux. Avoir une carrière exigeante et parler plusieurs langues peut retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer de cinq ans. Apprendre à jouer d’un instrument est également bénéfique.

« Toute activité nouvelle — comme apprendre un instrument — est excellente », précise M. Anderson. « Il y a aussi des bénéfices sociaux si vous le faites avec d’autres personnes, car l’isolement et la dépression sont des facteurs prédictifs du déclin cognitif. »

Mme Morrison confirme que certains déclins cognitifs font partie du vieillissement normal — comme oublier où l’on a mis ses clés ou perdre de la rapidité pour traiter l’information. Cependant, mais celui du ralentissement commence dès l’âge de 30 ans. Si l’on est encore capable de gérer ses finances, de cuisiner ou de prendre ses médicaments, c’est le signe que le déclin est minime.

« C’est le principe “vous l’utilisez ou vous le perdez” », dit-elle. « Si vous continuez à apprendre de nouvelles choses, cela stimule le cerveau. »  
 

L’ostéoporose

L’ostéoporose est plus fréquente chez les femmes, mais elle touche aussi les hommes. Une femme de plus de 50 ans sur trois développe une forme de la maladie, comparativement à un homme sur cinq.

« En raison de la perte d’œstrogène à la ménopause, les femmes sont plus à risque », explique Mme Morrison. « Mais le risque augmente aussi pour les maladies cardiaques, le cholestérol et divers types de cancer. »

Les femmes atteintes d’ostéoporose sont plus susceptibles de subir des fractures de la hanche, alors que les hommes courent un risque de mortalité plus élevé en cas de blessure liée à l’ostéoporose. 

« Il est important de passer des tests — demandez un test de densité osseuse — et de prendre toutes les mesures pour réduire les risques : faire de l’exercice, ne pas fumer, ne pas boire d’alcool et corriger les carences en calcium et en vitamine D. »

Jennifer Campbell est la rédactrice en chef de Sage et de Sage60